L’histoire d’Alpha Tango
Lancer une entreprise au temps de la COVID-19 n’est certainement pas l’idéal, mais si vous lisez ces lignes c’est qu’on y est arrivés.
Lorsque l’on regarde le tout avec du recul, cette crise n’a pas eu que du négatif (oui, c’est difficile à croire), laissez-moi vous raconter l’histoire de Daniel et Alex, un duo père-fils plus que déterminé :
Mars 2018, je suis assis dans mon cours de droit des affaires à l’UQAM lorsque je reçois un texto de mon père qui me lance : « on pourrait démarrer une distillerie? » Et moi de lui répondre : « hahaha oui bonne idée! » J’étais à ma première année d’université en administration et lui en plein processus de vente de ses parts d’entreprise dans le domaine forestier. L’idée était bonne puisque le mouvement des distilleries québécoises commençait à prendre de l’ampleur, le timing un peu moins! Sans parler du fait que l’on ne connaissait rien à la distillation, mis à part que l’on aimait le gin.
Après avoir passé la soirée à faire des recherches pour en apprendre plus sur le sujet, j’aime bien l’idée et nous travaillerons sur un plan d’affaires à mon retour à Val-d’Or au printemps. Après avoir étudié le projet, nous avons réalisé que le projet était viable, mais que c’est plus complexe que l’on ne le pensait. À l’automne 2018, le projet tombe finalement sur la glace et nous avons d’autres idées; dont celle d’ouvrir un restaurant. Lors de l’hiver 2019, Daniel revenait souvent avec l’idée de la distillerie, si bien qu’au printemps 2019 nous avons recommencé à travailler le plan d’affaires plus activement et sérieusement. Au mois de juin 2019, le financement est approuvé, le local est trouvé et le casse-tête commence à prendre forme.
C’est à l’automne 2019 que j’entame ma troisième et dernière année universitaire tout en travaillant à temps partiel sur le projet avec mon père. Premier octobre 2019, le point de non-retour est franchi, nous venons de passer la commande pour notre alambic de 600 litres qui sera fabriqué en Colombie-Britannique. Le 29 novembre 2019 marque une autre folle dépense, une ligne d’embouteillage 100% automatisée provenant de l’Italie. Avant même d’avoir trouvé le nom de l’entreprise, nous venions de dépenser plusieurs centaines de milliers de dollars, oui c’est hors du commun, mais il n’était plus question de faire marche arrière.
Le nom est trouvé en décembre 2019, Spiritueux Alpha Tango avec un super logo s’inspirant de son emplacement, l’aéroport de Val-d’Or là où il y a eu une base militaire de 1954 à 1976 et où on entreposait des missiles nucléaires! Il ne nous restait qu’à faire d’importantes modifications au bâtiment, trouver notre recette de gin et le tour était joué… presque. Les travaux ont commencé le 17 février 2020, pour être suspendus peu après en raison de la pandémie du Covid-19 jusqu’à la mi-mai. L’échéancier était monté en fonction qu’en terminant l’université à la fin avril, la production commence. Le coronavirus a chamboulé bien des plans pour nous, et aussi pour nos fournisseurs, dont le fabricant de la ligne d’embouteillage en Italie, pays qui a été durement touché. Cette pause de deux mois nous a permis de peaufiner nos recettes, travailler sur notre deuxième produit, une vodka, et planifier la suite. Au mois de juillet 2020, nous avons reçu notre permis de distillateur de la Régie de l’alcool, des courses et des jeux (RACJ) qui nous donne le droit d’enfin produire des spiritueux.
Au début du mois de septembre 2020, nous avons enfin pu procéder à nos premiers tests avec notre alambic de 600 litres. La suite était de faire entrer les produits à la SAQ, puisqu’elle est la seule à pouvoir faire le commerce des spiritueux au Québec. Les démarches avec eux ont débuté à la fin du mois de septembre. Au moment où vous lisez ces lignes, les produits sont fort probablement en route vers une SAQ près de chez vous et en vente à la boutique.